Journée du 8 mars : Interview d’Élodie-Jelena du blog La Maternité pour une Nulle

À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits femmes, nous avons souhaité donner la parole à la rédactrice Élodie-Jelena du blog La Maternité pour une Nulle. Passionnée d’écriture et mère d’un adorable bout de chou nommé Chiara, elle se décrit comme féministe et s’engage sur les réseaux sociaux pour l’égalité entre hommes et femmes. Nul doute que ses réponses à nos questions sauront vous inspirer.

Élodie-Jelena et Chiara

Comment est née l’idée de votre blog ?

Durant mon adolescence, je tenais déjà un blog, j’y racontais mes histoires de jeune amoureuse et de jeune femme en devenir. Suite à une déception amoureuse, j’ai perdu l’envie et le besoin d’écrire. Ma passion a refait surface lors de ma première grossesse. J’étais en congés maternité, un peu isolée et j’ai senti qu’une merveilleuse communauté se cachait derrière Instagram. C’est là que j’ai eu envie de recommencer. J’avais beaucoup de choses à dire, à apprendre, à découvrir et à partager.

 D’où vous vient votre passion de l’écriture ?

J’ai eu envie d’écrire après avoir lu Le journal d’Anne Franck. Cela a été une véritable révélation pour moi. Je me suis beaucoup reconnue en elle, en son caractère discret mais rebelle et engagé pour la paix et la liberté. Adolescente, j’étais assez tourmentée et j’ai toujours eu l’impression qu’en écrivant, je pouvais refaire le monde.

Quels sont les écrits ou les livres qui ont marqué votre vie ?

Le journal d’Anne FranckFemmes qui courent avec les loups – Histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage  de Clarissa Pinkola Estés. Et celui qui est devenu ma Bible :Chère Ijeawele, ou un manifeste féministe en quinze points de Chimamanda Ngozi Adichie

Quels sont vos sujets de prédilection lorsque vous écrivez ?

J’aime (d)écrire les émotions, les sentiments et toutes ces choses que l’on garde au fond de soi comme un secret. Depuis la naissance de ma fille Chiara, ces derniers ont été décuplés, j’ai eu besoin de poser calmement des mots sur ce tourbillon sentimental qu’est la grossesse et la maternité. J’écris également beaucoup sur ma vie de femme, que je souhaite intacte et ma liberté individuelle.

Caricature de Plantu sur le sexisme

Quels sont les pires propos sexistes que vous avez entendus au cours de votre parcours professionnel ?

J’ai travaillé dans la restauration rapide, j’ai fait du baby-sitting, puis dans un salon de thé avant d’intégrer l’entreprise dans laquelle je suis depuis cinq ans. Partout, j’ai pu remarquer que certaines tâches étaient d’emblée définies comme des tâches de « femme ». Souvent, le balai ou le chiffon étaient tendus aux jeunes femmes tandis que les charges lourdes étaient plutôt confiées aux hommes. Ce ne sont pas des remarques verbales mais ces gestes sont criants de la banalité du différentialisme qui nous entoure au quotidien.

 

Que signifie pour vous le fait d’être une femme aujourd’hui ?

Malgré tous mes efforts et ma détermination, être une femme aujourd’hui soulève beaucoup de négativité et de points à améliorer selon moi. Entre les inégalités, les mariages forcés, les violences, les harcèlements dont nous sommes les premières victimes et tous ces combats que nous devons mener (parfois seules), le chantier pour l’égalité est loin d’être terminé. Toutefois, nous avons une multitude d’outils et d’armes en notre possession : Internet est celle que j’utilise le plus pour tenter de sensibilité mes lectrices. La femme a et aura toujours une place prépondérante dans mes écrits.

Quel type de femme êtes-vous ?

Je suis très « grande gueule ». Je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas. Étant originaire des Balkans, j’ai le sang chaud, je parle fort, je peux être un peu agaçante sur les bords mais je suis très généreuse. Quand j’aime, je ne compte pas et je donne tout. Je déteste l’injustice, les abus, le laxisme et je suis une grande passionnée. On me reproche souvent mon impatience et ce côté exalté. Très agacée par ces défauts, j’ai appris à en être fière et à les tempérer afin qu’ils ne me tirent que vers le haut.

Que signifie pour vous le fait d’être une mère ?

Selon moi, un parent est un accompagnateur spirituel. Sa mission est donc d’accompagner son enfant afin qu’il acquière seul les bases d’une vie équilibrée et saine. Notre rôle est de l’écouter, respecter son individualité et son besoin naturel d’apprendre, sans choisir à sa place ou lui imposer quoi que ce soit. J’ai l’impression d’être une sorte de super héroïne depuis la naissance de Chiara, d’être invincible et capable de déplacer des montagnes ou de décrocher la lune. Surtout, j’ai envie de devenir un être meilleur, pour elle.

Qui est la femme la plus importante de votre vie ?

Toutes les femmes qui m’entourent ont leur histoire, leur parcours. Elles ont toutes été très importantes et à des moments  différents de ma vie de femme. Par conséquent, elles sont toutes importantes pour moi pour tout ce qu’elles ont su m’apporter pour que moi-même je puisse écrire mon histoire.

Malala Yousafzai

Quelles sont les femmes qui ont, selon vous, marqué l’histoire ? Vous ont-elles inspirée ?

Malala Yousafzai. A chaque fois que je n’y crois plus que je pense à elle et à son visage. La vie est la pire chose que l’on puisse perdre lorsque nous combattons. Malala porte les traces de sa liberté à jamais. Quelle leçon de vie ! Je suis également très sensible à l’histoire de l’actrice marocaine Loubna Abidar, agressée pour avoir joué dans un film interdit dans son pays. Menacée de mort depuis la diffusion du film, elle est contrainte de se cacher pour vivre.  Je lui ai même envoyé un petit message de soutien.

Que signifie pour vous la journée du 8 mars ?

Elle est et sera une journée comme une autre pour beaucoup d’entre nous. Une journée durant laquelle une femme succombera peut-être sous les coups de son conjoint et où une jeune fille se fera siffler dans la rue en rentrant du travail ou en allant chercher son enfant à l’école. J’espère que l’Etat consacrera un budget plus conséquent pour soutenir les campagnes dédiées à l’égalité et au harcèlement.

Allez-vous offrir des fleurs pour la Journée des droits des femmes ?

Concours ÉGALITEE 2014

Non. Comme chaque année, j’enverrai plutôt un SMS avec une citation féministe à toutes mes copines ! Cette année et à l’approche du Printemps, je pensais à « nos jupes sont courtes, pas nos idées » !

Selon vous, faut-il célébrer le 8 mars ? 

Je suis convaincue qu’il n’y a rien à « célébrer » dans une année si ce n’est un anniversaire. On ne devrait pas avoir à célébrer les femmes, les hommes ou l’égalité. Tout cela ne devrait être qu’une simple banalité. Toutefois, je suis heureuse de savoir que cette journée servira à diffuser des messages, des clips publicitaires et des images militantes trop silencieux le reste de l’année !

Quel message souhaitez-vous transmettre aux futures générations de femmes ?

J’aimerai leur dire qu’elles sont uniques et que leur véritable force est là. Toutes disposent d’outils et d’armes pour combattre les inégalités au quotidien : leur voix, leur corps qu’elles peuvent habiller de tee-shirt à messages et les réseaux sociaux pour faire passer « le message ». J’aimerais aussi leur dire que seul on va plus vite mais ensemble, on va plus loin !

Pensez-vous qu’aujourd’hui les femmes sont traitées de la même manière que les hommes ?

Bien évidemment non. Ce qui est le plus effrayant est de constater que les différences entre les garçons et les filles s’apprennent dès l’entrée à l’école. Selon moi, le travail devrait débuter là avec la mise en place d’activités « mixtes » (même si elles le sont toutes pour moi), de petits jeux de rôle, etc. Pour sensibiliser nos enfants à ces questions existentielles qui font parties intégrantes de l’éducation.

Sur quels aspects les femmes sont-elles traitées différemment selon vous ?

Leur force et leur réussite. Ecoutez les commentaires des discours politiques ! Lorsqu’on parle de la réussite d’un homme ; on parle surtout de son parcours, de son courage de son travail. Lorsqu’il s’agit de la réussite professionnelle d’une femme, on ne cesse d’évoquer des qualités plus péjoratives pour justifier sa réussite. Comme si une femme avait toujours besoin d’un homme pour réussir finalement.

Sensibilisez-vous votre fille sur la question des inégalités hommes/femmes ?

J’ai toujours su quel genre d’éducation je souhaitais offrir à mon enfant en tenant bien évidemment compte de ce que j’avais en ma possession. À la maison, Chiara est traitée comme un individu à part entière, non comme une fille ou un garçon. Nous privilégions les couleurs, les jeux et jouets de son âge et non classés par « genre ». Ainsi, elle peut jouer à la poupée ou avec ses petites voitures.

Pensez-vous que les livres pour enfants véhiculent des stéréotypes de genres ?

Il y a encore quelques jours, un ouvrage jugé sexiste faisait scandale. Le point positif c’est que ça fait parler, ça choque, ça consterne. Enfin, les différences choquent et font du bruit. Pour Chiara, j’évite les histoires de princesses très connotées dans lesquelles, la princesse attend qu’un prince vienne toujours la sauver. J’opte toujours pour des ouvrages dans lesquels le personnage principal féminin serait l’héroïne plutôt que la spectatrice.

Chimamanda Ngozi Adichie

Quel est le livre que tout parent devrait lire à son enfant afin de les contrer ?

Chère Ijeawele, ou un manifeste féministe en quinze points de Chimamanda Ngozi Adichie.

Si vous aviez la possibilité de tout recommencer depuis le début, souhaiteriez-vous renaître en tant que femme ou en tant qu’homme ?

Je suis très heureuse de mon parcours en tant que femme. Je crois que je ne changerais rien à mon histoire. J’espère que ma fille pourra s’affranchir et vivre épanouie et heureuse comme je le suis actuellement.

La personnalité d’Élodie-Jelena vous a plu ? N’hésitez pas à consulter son blog www.lamaternitepourunenulle.fr et son compte Instagram @elodiejelena.

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